"Nous ne sommes que des invités"
Voici un petit article paru dans le journal Le Quotidien du 16 juillet 2015 à La réunion.
Cet article parle de la passion commune de Yann et moi meme, à savoir la photo sous-marine.
Sur terre comme sous l'eau,on voit rarement l'un sans l'autre.Yann Oulia,35 ans, et Gabriel BARATHIEU, 32 ans, sont inséparables. Ils voyagent,plongent et photographient ensemble. C'est à deux, en 2010,qu'ils découvrent la plongée sous-marine.
"Je faisais de la photo depuis déja quelques année", concède Yann. "Je débutais", concède Gabriel.
Le courant passe entre les deux plongeurs débutants unis par une passion commune.La photographie sous-marine vient consolider l'amitié naissante et la maitrise du boitier étanche se conjugue avec celle de la plongée.
Depuis, les deux ne se quittent plus et multiplient les trips photo autour du monde.Armés de leur caisson de plusieurs kilos,ils traquent l'infiniment petit ou les plus gros cétacés de la planète.
Yann, maitre d'oeuvre dans le BTP,affiche une prédilection pour la "macro".La photographie d'organismes marin d'1 cm à peine, crevettes,polypes ou nudibranche."C'est aussi un détail,un oeil,une nageoire".Gabriel, professionnel depuis peu, affectionne les "ambiances", au grand angle.Des tableaux sous-marins, des compositions.
Le travail et la passion aidant les deux amis sont entrés dans le cercle fermé des meilleurs photographes sous-marins de la Réunion.Car photographier sous l'eau n'est pas à la portée de tous. "Ca suppose une excellente maitrise de sa flottabilité", souligne Gabriel.Les deux sont des plongeurs confirmés, autonomes, avec plusieurs centaines de plongées à leur actif.
HUMILITE
Gabriel privilégie les "profondes", aux alentours de 60m au "trimix", mélange d'hélium, d'azote et de dioxygène. "On dispose d'à peine 15 minutes pour photographier en état de narcose (ivresse des profondeurs)",rigole-t-il.A la surface, le résultat est souvent surprenant."Tous les clichés peuvent etre ratés."
Pour d'autres raisons,les déchets sont nombreux."Avec l'expérience, l'exigence est plus haute",confie Yann Oulia.A la maitrise de la plongée, du matériel lourd, et l'adaptation à l'environnement marin, s'ajoutent les contraintes de la photo sous-marine. "Moins de lumière, des couleurs qui s'estompent ou disparaissent".
Les caprices de la lumière sous la surface exigent l'utilisation de puissants flashes."Hormis la mise au point qui reste automatique, tous les réglages s'effectuent manuellement".
"La photographie sous-marine est un monde à part où nous ne sommes que des invités".L'exercice rime avec patience, humilité face à des animaux aussi extraordinaire qu'imprévisibles.
Aujourd'hui, reconnus par leurs pairs, les deux photographes veulent repousser les limites. Yann, celles de l'infiniment petit à l'aide d'objectifs toujours plus performants. Gabriel, photohraphie le plus profond de l'ile, est inexorablement attiré par les abysses.Avec pour unique obsession, la prochaine image.
Canon 5d Mark II
Yann:"J'ai eu plusieurs bons boitiers mais depuis 2010, c'est le Canon 5d mark II.Et pour l'instant, je ne change pas.C'est l'appareil de monsieur tout le monde qui longtemps, en 2005 notament fut la référence".
Gabriel:"J'ai débuté avec un Canon SX 200, l'entrée de gamme de Canon, que j'ai conservé deux mois,puis je suis tout de suite passé au Canon 5d mark II.Aujourd'hui on peut considérer qu'il s'agit d'un boitier dépassé mais en changer, suppose renouveler aussi le caisson.Un coup à 15 000 euros".
Traitées et pas retouchées.
Yann et Gabriel: "Traiter ses images en photographies sous-marine s'impose tant la couleur, les contrastes, la tonalité sont importants. Un bon photographe traite ses photos.En revanche, on ne les retouche jamais.Le traitement de l'image fait aussi partie de la signature du photographe".
La photo préférée:
Yann:"Mon coup de coeur, un poisson clown endémique (Amphiprion chrysogaster) sur le sec Zitte à Saint Leu, en 2011.Toutes les anémones étaient fermées, le clown s'est mis face à l'objectif et à ouvert la bouche"
Gabriel:"Incontestablement , la photographie d'ambiance de l'épave du Hai Siang, bateau pirate coulé dans les années 90 devant Boucan Canot. C'est une épave très particulière puisque posée droite sur le sable, par 55 mètres de fond.C'est le résultat d'un ensemble de paramètres. J'étais là au bon moment, à la bonne distance.Une épave magnifique et une photo dont je suis très fier".
La photo ratée:
Yann:"A bali, j'ai fait la photo, pas très bonne, d'une crevette squelettique, un crustacé de 1 cm de long, quasiment impossible à distinguer sous l'eau.Plus tard à Mayotte, je photographie un polype.Je remarque , qu'après visionnage sur l'ordinateur, que derrière le polype, se cachaient trois crevettes squelettiques. Je ne les avais pas vues? Rageant".
Gabriel:"C'est souvent et depuis toujours, la photo que l'on manque à cause d'un déclenchement trop tardif de seulement une demie seconde. il y en aura d'autres".
La photo de rêve.
Yann:"Assurément la photo d'un orque.Pourquoi? Peut etre parce que c'est l'animal marin le plus puissant. Pour cela, il faut aller dans les eaux froides"
Gabriel:"Descendre plus profond encore, entre 70 et 120m pour y photographier des espèces de poissons inconnues. Mais tout cela nécessite énormément de logistique".
Noir et blanc ou couleur.
Gabriel:"Couleur forcément, l'image sous-marine est en couleur sauf peut etre une baleine ou une ambiance, une épave".
Des photos pour qui?
Yann et Gabriel:"Pour le plus grand nombre bien sur. nous avons ouvert une page Facebook qui rapidement a atteint 40 000 amis. Et on ne peut aller au delà sauf à accepter de payer cher.En revanche, on peut toujours consulter nos images sur le site www.rup.re. Nous y stockons par catégories, 1 500 de nos meilleurs images.Ce site, c'est notre magasin, notre vitrine".